La Chine renforce son processus de validation des jeux en ligne

La Chine est premier marché mondial de l'industrie du jeu, mais le territoire chinois reste peu accessible. D'autant moins que les autorités locales renforcent leur processus d'agrément, pour lutter contre la violence et l'addiction.

Fort de ses 600 millions de joueurs, la Chine est évidemment un marché colossal pour les exploitants de jeux en ligne (estimé à 30 milliards de dollars annuel), mais si l’ex-empire du milieu est un marché économiquement très attractif, il doit juridiquement se mériter : officiellement pour des raisons de santé publique et de lutte contre l’addiction (mais aussi manifestement dans une optique protectionniste, pour des raisons politiques et de censure), la Chine impose une législation très stricte aux exploitants de jeux en ligne, qui doivent obtenir un agrément pour chaque jeu destiné au marché chinois.
On le sait, l’agrément est octroyé par la très tatillonne Administration d’Etat pour la presse et les publications (en Chine, le jeu en ligne est juridiquement considéré comme un média) et l’année dernière, une réforme de l’autorité de régulation chinoise a bloqué ce processus d’agrément pendant presque un an – le marché du jeu s’est développé très vite en Chine et les autorités locales considéraient la réglementation chinoise obsolète. Pendant des mois, plus aucun jeu n’a été validé en Chine et si le processus a maintenant repris, les autorités chinoises ont néanmoins opté un durcissement des procédures d’agrément (compilées par Niko Partners).

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Concrètement, on en retient notamment que dorénavant, seul un nombre limité de jeux obtiendra l’agrément chaque année, obligeant les exploitants à faire des choix – un processus similaire s’applique déjà aux films de cinéma et en matière de jeux, les autorités chinoises y voient le moyen de limiter les « copies » et le nombre de jeu de poker et de mah-jong qui pullulent dans les stores chinois. Et la Chine précise que dorénavant, le processus s’appliquera aussi aux mini-jeux et jeux en HTML5, qui ne faisaient l’objet d’aucune régulation jusqu’à présent.
Sans doute tout aussi significatif, les jeux examinés devront répondre à des exigences de contenu. Depuis déjà quelques semaines, un « comité éthique des jeux en ligne » (composé « d’experts » et placé sous l’autorité du comité central du parti communiste chinois) doit s’assurer de la conformité des jeux avec les « valeurs chinoises », qui devront en outre « promouvoir la culture traditionnelle » et être « conformes à la réalité historique » (le MOBA Arena of Valor, par exemple, dont les héros s’inspirent très librement de quelques figures historiques prend manifestement trop de liberté avec l’histoire). Dans le même esprit, les jeux ne devront pas afficher de cadavres, ni de sang – des mesures similaires existaient déjà mais les développeurs imaginaient des alternatives (par exemple du sang d’une autre couleur que le rouge). Dorénavant, ces astuces ne suffiront plus pour éviter d’être retoqué par le comité.
Par ailleurs, depuis 2007, les exploitants chinois doivent intégrer des « mesures anti-addictions » dans leurs jeux, pour éviter que les jeunes joueurs consacrent trop de temps et/ou d’argent aux jeux en ligne. Dorénavant, ces mesures s’appliquent aussi aux jeux mobiles distribués en Chine.

Si les procédures d’agrément sont maintenant plus sévères, les autorités chinoises soulignent aussi qu’elles seront également plus transparentes. En d’autres termes, les développeurs auront accès à des critères de validation précis, leur permettant de concevoir derechef des jeux répondant mieux aux exigences de l’administration chinoise – qui enjoint les concepteurs de jeux à s’autoréguler.
Au-delà des mesures imaginées par les autorités chinoises et qui s’imposent donc aux joueurs locaux, on sera sans doute curieux de découvrir, dans les mois et années à venir, si ces injonctions s’imposeront aussi dans le reste du monde : la Chine étant aujourd’hui le premier marché mondial de l’industrie du jeu, les exploitants pourraient faire le choix (économique) de concevoir leurs titres prioritairement pour le marché chinois et de ne pas les modifier pour le reste du monde. À moins que d’autres préfèrent se détourner du très complexe marché chinois, pour s’adresser à d’autres régions du monde plus accessibles – suite au blocage du marché chinois, l’industrie sud-coréenne s’est par exemple réorientée vers le marché russe, avec manifestement un certain succès.

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