L'industrie du jeu sud-coréenne se mobilise contre le protectionnisme chinois
Depuis deux ans, les jeux sud-coréens n'obtiennent plus d'agrément pour être distribués en Chine. Un protectionnisme jugé injuste : l'industrie sud-coréenne presse son gouvernement de déposer une plainte auprès de l'OMC pour y remédier.
On le sait, aujourd’hui, la Chine est à la fois un marché très attractif pour l’industrie du jeu (parmi les premiers marchés mondiaux, notamment en matière de jeux en ligne), mais aussi un marché difficilement accessible. La Chine pratique en effet un protectionnisme économique très strict et l’utilise aussi à des fins politiques – on l’a constaté encore récemment, quand, par exemple, Blizzard Taiwan se montrait très prudent (voire proactif) dans le cadre de ses tournois d’esport pour ne pas froisser le géant chinois ; alors qu’à l’inverse, le streamer PewDiePie viendrait de se faire bannir de Chine pour s’être moqué du régime chinois et avoir évoqué les événements de Hong Kong lors de ses directs (ses streams sur YouTube ne sont plus accessibles en Chine, où il comptait quand même environ 600 000 spectateurs réguliers... sur plus de 100 millions d'abonnés dans le monde).
On le comprend, la Chine régule son marché avec fermeté – et notamment à l’égard de la production sud-coréenne. Depuis maintenant deux ans, plus aucun jeu sud-coréen n’a obtenu d’agrément d’exploitation en Chine. Officiellement, la mesure fait suite aux réformes chinoises du processus d’agrément : il est resté totalement bloqué pendant presque un an, avant de reprendre en début d’année, mais pour ne valider que des jeux chinois (en plus de quelques titres occidentaux), mais aucun MMORPG ou jeux en ligne sud-coréens. Plus officieusement, cette « restriction » ferait suite à l’installation d’un système américain de missiles antibalistiques sur le territoire sud-coréen, jugé menaçant pour la Chine.
Or, le marché chinois pesait 60,5% du chiffre d’affaires extérieur des studios de développement coréens, qui se réunissaient hier sur le sujet au sein de la KOCCA (l’agence en charge des contenus créatifs en Corée). Le syndicat des studios sud-coréens presse donc son gouvernement (jugé trop « indifférent ») d’agir à l’encontre de la Chine, afin que les restrictions cessent et que la production vidéo ludique locale puisse de nouveau être distribuée dans l’ex-empire du milieu. Le syndicat milite notamment pour le dépôt d’une plainte officielle auprès de l’Organisation mondiale du commerce, arguant que les studios chinois réalisent un chiffre d’affaires notable en Corée du Sud.
On ignore si le gouvernement sud-coréen parviendra à faire plier le géant chinois, mais on retiendra néanmoins que la question chinoise devient manifestement un enjeu de politique locale pour la Corée du Sud : les parlementaires coréens d’opposition s’en saisissent pour souligner l’inaction du gouvernement. Et l’épisode démontre, s’il était besoin, l’influence croissante de la Chine dans les relations internationales stratégiques en Asie et au-delà.
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