Netmarble forme un consortium avec Tencent et MBK Partners pour s'offrir Nexon

Le Coréen Netmarble forme un consortium avec le Chinois Tencent en vue de racheter Nexon. Au-delà des sommes en jeu (huit milliards d'euros), l'opération implique manifestement certains enjeux géopolitiques en Asie.

Le mois dernier, Kim Jung-ju (le fondateur de Nexon) annonçait son intention de vendre ses parts du groupe Nexon (valorisé la bagatelle de 7,8 milliards d’euros). En Corée du Sud, cette vente est particulièrement scrutée dans la mesure où Nexon est l’un des leaders de l’industrie sud-coréenne du jeu et que cette même industrie est déterminante dans l’économie du pays. Or, à l’heure actuelle, aucun groupe coréen ne semble avoir seul l’assise financière nécessaire pour enchérir suffisamment pour s’offrir Nexon et nombre d’observateurs locaux redoutent que le fleuron local du jeu en ligne ne soit racheté par un « groupe étranger » (tous les regards se tournent vers le géant chinois Tencent, quand bien même aucune annonce officielle n’est encore formulée à ce stade), au risque de déstabiliser l’économie locale.

Et ces questions sont d’autant plus prégnantes aujourd’hui, alors que Netmarble (leader coréen du jeu mobile) annonce la création d’un consortium avec la firme d’investissements MBK Patners (également coréenne) mais aussi avec le mastodonte chinois Tencent, qui veille manifestement à ses intérêts – puisque Tencent exploite plusieurs des jeux de Nexon sur le territoire chinois et est déjà le troisième plus gros actionnaire de Netmarble. Et ce consortium aurait donc vocation à racheter les parts Kim Jung-ju afin de prendre le contrôle de Nexon.
Dans sa communication, le Coréen Netmarble souligne qu’il est important que Nexon reste dans le giron coréen. Les observateurs redoutent néanmoins que le studio serve de cheval de Troie à Tencent pour prendre le contrôle du marché local du jeu en ligne.

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On le comprend, au-delà des sommes colossales en jeu, la vente de Nexon n'implique pas uniquement des enjeux commerciaux, mais aussi quasi-géopolitiques. A fortiori au regard du contexte actuel de grogne en Corée : depuis plusieurs mois, l’administration du président sud-coréen Moon Jae-in enchaine les mesures sociales (visant à améliorer les conditions de travail en Corée) et de protection des consommateurs (notamment les joueurs), que l’industrie du jeu perçoit aujourd’hui comme des entraves à la croissance du secteur (l’industrie sud-coréenne serait soumise à des normes bien plus drastiques que ses principaux concurrents dans les autres pays asiatiques, obérant sa compétitivité à court et moyen termes).
Le président Moon Jae-in recevait hier à Séoul les représentants des principaux groupes technologiques locaux (dont Kim Taek-Jin, président de NCsoft) et les assurait de son soutien – Moon Jae-in considère « la technologie et l’innovation comme les clefs du développement coréen », et promettait donc des mesures visant à « enrailler le sentiment anti-entreprise » dont se plaignent les acteurs économiques sud-coréens actuellement. Dans ce contexte, on comprend que la vente de Nexon a un « groupe étranger » pourrait avoir des répercutions plus vastes qu’on ne l’imaginait de prime abord. On sera fixé à partir du 21 février prochain, date à laquelle les premières offres d'acquisitions de Nexon seront formulées. 

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