L'industrie coréenne du jeu fait évoluer ses conditions de travail

Après la mort de plusieurs développeurs pour cause de surmenage, la Corée du Sud fait évoluer son code du travail (pour abaisser la durée légale hebdomadaire de travail à 52 heures). NCsoft va plus loin et limite la semaine de travail à 40 heures flexibles.

On le notait l'été dernier, les conditions de travail imposées dans l'industrie coréenne du jeu vidéo suscitent une certaine indignation parmi la population locale -- le jeu mobile et ses périodes de développement très courtes (six mois en moyenne pour concevoir un jeu mobile contre quatre ans pour un MMO sur PC) ont notamment conduit à intensifier drastiquement les cadences de travail au sein des studios de développement, au point de conduire à la mort de plusieurs jeunes développeurs coréens (chez Netmarble), imputée au surmenage et ayant évidemment ému la population coréenne.
L'été dernier, les Coréens élisaient leur nouveau président, Moon Jae-in, et parmi ses projets, l'homme politique de centre gauche promettait une réforme du code du travail et une meilleure régulation de conditions de travail dans l'industrie du jeu. Et son projet de loi vient d'être soumis aux parlementaires coréens.

Assemblée nationale sud-coréenne

Jusqu'à présent, la législation coréenne sur le travail prévoyait une semaine de 40 heures, auxquelles pouvaient s'ajouter un total de 12 heures supplémentaires en semaine, soit une semaine de 52 heures. Mais l'industrie du jeu exploitait un flou juridique de la loi sur la notion de « semaine de travail » et le fait d'y inclure ou non les week-ends, permettant à certains studios d'ajouter 16 heures de travail additionnelles le week-end, pouvant donc conduire à des semaines 68 heures -- quand la législation était respectée puisque les jeunes développeurs décédés chez Netmarble avaient été contraints à des heures de travail de nuit pour enchainer sept semaines consécutives de 89 heures avant d'y succomber.
Le projet de loi en débat actuellement à l'Assemblée coréenne devrait fixer la durée légale hebdomadaire de travail à 52 heures, week-end compris. Et au regard de l'émotion suscitée par le sujet en Corée, plusieurs studios de développement annoncent assouplir plus encore leurs conditions de travail. Comme par exemple NCsoft : dorénavant chez le géant coréen, les salariés travailleront un total 40 heures par semaines et pourront organiser leurs horaires comme ils l'entendent (la journée de travail pourra débuter entre 7h et 10h, à la convenance du salarié tant qu'il fait ses heures hebdomadaires). De son côté, Netmarble met un terme au travail les jours fériés et aux e-mails professionnels envoyés en dehors des heures de travail.

Et si on imagine que les conditions de travail des salariés de l'industrie du jeu en Corée en seront améliorées, les arguments avancés par l'administration du président Moon Jae-in pour faire voter la loi sont significatifs également : en plus d'augmenter la qualité de vie des salariés, réduire le temps de travail devrait permettre de créer 800 000 nouveaux emplois dans l'industrie coréenne, mais aussi d'augmenter la productivité des salariés. Selon l'Organisation pour la coopération et le développement économique (l'agence coréenne en charge de l'emploi), les Coréens sont parmi les travailleurs les moins productifs, manifestement du fait de leur épuisement, et réduire leur temps de travail devrait conduire à améliorer leur concentration et donc leur efficacité au travail. Et ces arguments sur « le droit au repos » pour être plus efficace semblent porter au sein de la population et des parlementaires coréens.

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