Quand la Corée du Sud renforce sa législation contre la triche

Le jeu en ligne est une institution en Corée, en plus de soutenir des pans entiers de l'économie locale. Les députés coréens entendent en garantir la bonne santé et viennent d'adopter des textes renforçant sa législation contre les créateurs de hacks.

Assemblée nationale sud-coréenne

La Corée du Sud est traditionnellement considérée comme la patrie du jeu en ligne, au point que le jeu en ligne fasse vivre tout un pan de l'économie locale et que la classe politique sud-coréenne soit particulièrement vigilante à sa bonne santé -- il existe ainsi d'ores et déjà une « loi sur le jeu » en Corée qui régule le secteur, tant pour encourager l'industrie (via notamment la protection de la propriété intellectuelle) que pour protéger les joueurs (pour encadrer, voire interdire dans les jeux, des pratiques commerciales empruntées aux jeux d'argent, entre autres).
Dans ce contexte, l'été dernier, les députés sud-coréens adoptaient successivement plusieurs textes visant d'abord à pénaliser l'exploitation de serveurs privés, encourageant ensuite la coopération intergouvernementale pour lutter contre le piratage (notamment pour faire en sorte que le ministre de la culture, en charge de l'industrie du jeu en Corée, puisse agir de concert avec son homologue des affaires étrangères pour lutter contre les producteurs de logiciels de triche basés hors de Corée, et notamment en Chine et en Inde) et enfin en août dernier, un texte « interdisant production, la distribution, ou la recommandation de logiciels de jeu qui ne sont pas préalablement approuvés par le développeur ou l'éditeur du logiciel original » ou qui « peuvent modifier le code source d'un programme sans autorisation ». En d'autres termes, un logiciel (de triche) modifiant le fonctionnement normal d'un jeu tombe sous le coup de la loi.
Si les juges coréens sanctionnaient déjà ces comportements (sur la base des lois punissant la violation des droits d'auteur), selon les députés coréens, ces textes permettent dorénavant une action plus directe de la justice.

Sous l'impulsion du député Lee Dong-sup (qui se présente lui-même comme « le protecteur de l'industrie du jeu » et déjà à l'origine des textes votés l'été dernier), l'Assemblée nationale sud-coréenne vient de voter deux amendements supplémentaires visant à renforcer les pouvoirs du juge en la matière, en alourdissant les sanctions auxquelles s'exposent les créateurs de hacks -- qui s'exposent maintenant à des peines de cinq ans d'emprisonnement et 50 millions de wons d'amende (environ 40 000 euros).

On ignore si cette législation aura un effet dissuasif sur les développeurs de hacks, mais le député Lee justifie son action par le fait que les logiciels de triches deviennent aujourd'hui un business à part entière en Corée, qu'ils prolifèrent de plus en plus dans les jeux les plus populaires (League of Legends ou Overwatch sont régulièrement confrontés à ces problématiques), au point de rebuter les joueurs qui ne trichent pas et de leur faire quitter les serveurs de jeu. La triche obérerait donc la bonne santé de l'industrie sud-coréenne du jeu et à ce titre, la représentation nationale entend manifestement l'endiguer. Le message a le mérite d'être clair.

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